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16 octobre 2008

Bonjour !

Il était là...Il était venu ! A l'heure sur le lieu de rendez-vous. Elle attendait ce moment comme elle le redoutait. Sentiments contradictoires qui la faisaient douter de ce qu'elle voulait réellement. L'avait-t-elle su un jour d'ailleurs ? Oui...il était là ! Assis à une table de ce café qu'elle affectionnait particulièrement. Le descriptif physique qu'il avait fait de lui, même sommairement, avait suffit à ce qu'elle le reconnaisse de suite. Dissimulée derrière un pillier de la grand place, elle épiait cet inconnu qui ne semblait montrer ni once d'impatience ou quelque appréhension. Il semblait calme, serein. Elle remarquait bien qu'il cherchait dans la foule l'inconnue qui viendrait vers lui. Chaque passante avait droit à un regard discret détaillant la tenue vestimentaire correspondante au déscriptif. Elle s'en amusait de le voir ainsi à l'affût du moindre indice, du moindre regard, prémice de l'impact visuel auxquels l'un et l'autre s'attendaient. Elle devait s'alleger de cette appréhension qui lui tiraillait le ventre en tournant à la dérision la situation dans laquelle elle était...Finalement, se disait-t-elle, était-t-il aussi serein que son apparence voulait lui faire entendre ? Les apparences sont souvent trompeuses et il lui plaisait bien, à cet instant, d'y croire plus qu'à un autre. Elle l'observait...Et plus elle l'observait plus elle tombait sous le charme. Dos appuyé sur le dossier du fauteuil, il se raidit comme le font les chats en s'étirant, laissant retomber les muscles de son corps, détendus. Il saisit sa tasse de café, infiniment petite dans cette main immense et déterminée, la masculinité dans toute sa splendeur. Il but une gorgée puis, avec délicatesse reposa la faïence sur la soucoupe comme s'il craignait de la casser. Sa bouche donnait signe de satisfaction et sa langue discrètement passée sur ses lèvres appréciait la mousse égarée à la commissure. Elle ne voyait pas ses yeux. Mais elle les devinait. Elle savait qu'ils étaient de couleur marron. Elle avait hâte de plonger dans ses puppilles et y lire ce qu'il n'avait jamais osé dire....ce qu'il avait tu. Puis, il joignait ses mains d'homme, enlaçant et mélant ses doigts, allongeant ses bras devant lui comme s'il voulait les détacher de son corps. Il laissait  retomber ses coudes sur la table, les mains jointes, et se mit à scrupter les passants avec insistance. Il devait certainement penser...Penser...Penser à elle ? A la façon dont ils allaient s'aborder ? A la manière dont ils se parleraient ? Et puis....Serait-t-elle à son goût ? Il devait certainement se poser mille et une question...Ne le faisait-t-elle pas elle-même, cachée derrière son pillier le cramponnant comme si elle craignait qu'il ne s'écroule ? A moins que ce ne soit elle qui vascille ? Son coeur s'emballait en regardant sa montre. L'aiguille allait bientôt afficher sa minute butoire. Elle lui avait dit qu'elle était toujours à l'heure, et elle y serait...Elle le regardait à nouveau. Sa tête penchait sur une tasse vide, vide et pleine d'espérance, c'est ce qu'elle supposait. Elle le regardait encore et encore. Elle tentait d'imaginer sa voix, son intonnation, qu'allait-t-elle lui révéler ?  Ressemblerait-t-elle à cette musique, la musique de ses mots qui l'avaient tant attirée ? Elle reprit son souffle, son coeur s'emballait à tout rompre, elle avait peur. Peur d'elle-même. Elle plantait son dos le long du pillier faisant face à la vitrine d'un magasin. Son reflet était loin de la satisfaire...Elle y voyait une âme peureuse, elle se voyait, elle ! Puis, sans qu'elle ne le comprenne, elle s'écoutait tout à coup prononcer un mot : "Bonjour !"

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